Irrigation Didier Guillaume veut faciliter les retenues d’eau
Le gouvernement souhaite faciliter le développement de retenues d’eau pour l’irrigation via une proposition de loi, alors que ces projets sont régulièrement attaqués devant les tribunaux administratifs, a affirmé mardi le ministre de l’Agriculture, en pleine sécheresse.
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Devant le Sénat, M. Guillaume a rappelé avoir, avec le ministère de la Transition écologique et solidaire, envoyé une instruction dans tous les départements le mois dernier « pour autoriser la construction de retenues d’eau à multi-usages qui doivent permettre l’irrigation de l’agriculture ».
« Chaque fois qu’il y a un projet qui est mis en place, il y a d’abord un comité de défense qui se met en place avant que le projet soit connu, puis dès que le projet est en place, il y a un recours au tribunal administratif qui fait que ça fait parfois sauter les décisions », a remarqué le ministre.
« C’est la raison pour laquelle le gouvernement sera preneur d’une PPL (proposition de loi), pour assurer le fait que nous puissions tenir », a-t-il expliqué, indiquant que l’exécutif avait fait appel de deux décisions, en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres.
Moins de 6 % de la SAU irriguée
Le ministre a affirmé que l’agriculture utilisait aujourd’hui « 30 % de moins d’eau aujourd’hui qu’il y a 10 ou 15 ans », notamment grâce à des nouvelles techniques.
En France, la surface irriguée (1,6 million d’hectares) représente moins de 6 % de la surface agricole utile, selon un chiffre communiqué à la fin de 2018 par Claude Cochonneau, qui préside les chambres d’agriculture.
« S’il y avait eu des prairies, des champs irrigués, les bêtes auraient pu aller pâturer », a déploré M. Guillaume, alors que nombre d’éleveurs peinent à nourrir leurs élevages, faute de fourrages.
« Aujourd’hui, je veux affirmer devant le Sénat que l’agriculture sera résiliente si elle est irriguée, ou elle ne sera plus, et il y a un grand pan de l’agriculture qui disparaîtra », a déclaré M. Guillaume.
« On sort du dogmatisme »
« On sort du dogmatisme de la gestion de l’eau », s’est félicité mercredi le président du Sénat Gérard Larcher (LR). Le ministre de l’Agriculture prend le problème « à bras-le-corps, maintenant il faut que le gouvernement et le parlement aient le courage de traiter cette question de la gestion de l’eau, sans doute différente d’il y a 30 ans », a déclaré M. Larcher.
« Je crois qu’il y a une prise de conscience qui permet de sortir du dogmatisme des uns ou d’une forme d’immobilisme des autres », a ajouté le président du Sénat.
« Ce qu’a dit le ministre hier nous le partageons depuis très longtemps », a déclaré M. Larcher, soulignant que M. Guillaume avait été « applaudi sur tous les bancs », ce qui « démontre que la réalité territoriale est vraiment présente au Sénat ».
M. Larcher a également souligné « la démarche de solidarité qui est en train de se mettre en place des zones céréalières en direction de zones d’élevage ».
« Pas la panacée »
Concernant la proposition de loi souhaitée par le ministre de l’Agriculture, « la question doit être expertisée », note-t-on au ministère de la Transition écologique. Les retenues d’eau ne sont « pas la panacée », avait dit mardi Emmanuelle Wargon, la secrétaire d’État à la Transition écologique, après la réunion de la commission de suivi hydrologique du Comité national de l’eau.
« Les retenues d’eau peuvent être un bon outil pour favoriser un partage équitable avec les agriculteurs, mais seulement dans un projet plus global dans lequel notre 1er objectif est d’économiser l’eau », a-t-elle déclaré à la presse.
« Les retenues d’eau ce n’est pas la panacée, ce n’est pas la réponse qui permet de ne pas faire le travail sur l’économie. Il faut d’abord travailler sur les besoins et peut-être réfléchir à l’évolution des cultures. Et quand on a réfléchi aux besoins et qu’on pense qu’ils sont soutenables à l’échelle d’un territoire, là on peut mettre en place des retenues d’eau », a-t-elle ajouté.
Les instructions envoyées aux départements en mai par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique explicitent la méthode et les conditions dans lesquelles les retenues d’eau sont construites. Avec l’idée d’engager des « projets territoriaux pour la gestion de l’eau » impliquant notamment des diagnostics sur la ressource, les usages, les économies d’eau possibles.
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